Conference
   

Mémoires d’un orphelin arménien

Association Sainte-Croix des Arméniens Catholiques de France


Mémoires d’un orphelin arménien
30 mars 2019   5:00 PM
Centre Culturel Saint Mesrob
10 bis rue Thuoin, 75005 Paris
Paris - France

Présentation du livre de Karnig Panian "Mémoires d’un orphelin arménien" par Chant Marjanian.

« Quel est ton nom ? — Vartan, répond mon voisin le plus naturellement du monde. Fawsi Bey pousse un hurlement et assène à l’enfant une gifle d’une telle violence que celui-ci tombe à terre. — Oublie ce prénom, chien, il faut l’oublier ! Maintenant tu t’appelles Ahmed et tu es le numéro 549 !, vocifère le directeur. C’est à mon tour d’être interrogé. — Je m’appelle Karnig, dis-je. A peine ai-je prononcé ces mots qu’un coup violent me projette au sol. Je m’évanouis. »

Témoignage exceptionnel : celui d’un enfant confronté à l’horreur du génocide des Arméniens. Gurun en Anatolie, avril 1915. Karnig Panian a cinq ans. Roulements de tambour : le crieur public annonce la mobilisation générale.

Les conscrits arméniens rejoignent leur centre de recrutement ; ils ne reviendront jamais. Quelques semaines plus tard, une caravane de déportés, dont 22 familles du clan Panian, quitte la ville pour le camp de concentration de Hama, aux portes du désert syrien. Des centaines de malheureux y meurent chaque jour. Karnig perd successivement sa mère, sa soeur, son jeune frère. Il est accueilli à l’orphelinat arménien voisin, puis, sur ordre de Djemal Pacha, envoyé avec plus de mille autres enfants à l’orphelinat d’Aïntoura, près de Beyrouth, afin d’y être «Turquifié».

Karnig Panian livre un témoignage bouleversant des méthodes inhumaines appliquées par l’administration de l’établissement : attribution d’un numéro de matricule, échange des noms et prénoms arméniens avec des noms et prénoms turcs, interdiction de parler l’arménien et de faire une quelconque référence à la religion chrétienne, humiliation permanente et sanctions d’une sauvagerie inouïe.

Pourtant, la résistance des orphelins s’organise, dirigée par les plus âgés (14 ans). Mais malgré un comportement héroïque, trois cents enfants mourront, vaincus par la famine et les mauvais traitements. Avec la défaite des ottomans en 1918, les orphelins sont définitivement libérés de la barbarie turque. La résistance et la volonté de survie de ces très jeunes garçons sont exemplaires et forcent l’admiration.

KARNIG PANIAN est né en 1910 à Gurun, en Anatolie. Après la guerre, il poursuivra de brillantes études au lycée arménien Nshan Palanjian Djemaran de Beyrouth et jusqu’à sa mort, le 23 juillet 1989, il consacrera sa vie à l’enseignement et à la sauvegarde de la langue, de l’identité et de la culture arméniennes.

Traduit de l’arménien par Chant Marjanian et Jean-Michel Bilemdjian.