Beethoven : sonate n°32 op. 111, 6 Bagatelles
Bach-Busoni : Chaconne
Schubert : Fantaisie D 760 « Wanderer »
Komitas : Les Danses, les chansons
Formé au Conservatoire Tchaïkovski de Moscou dans la filiation directe avec l'illustre Heinrich Neuhaus, Vardan Mamikonian s'est toujours distingué par un refus viscéral de la virtuosité gratuite – il a pourtant, sous les doigts, de quoi littéralement stupéfier les auditoires à travers le monde entier. Il propose pour son récital à la Salle Gaveau un programme à l'éventail expressif très large, illustrant son amour des atmosphères contrastées, tour à tour lunaire ou radieux, élégiaque ou tempétueux. . Il est vrai que Beethoven donne à sa sonate des dimensions grandioses, avec cette intensité expressive unique dans l'histoire de la musique, qui transforme cet authentique corps à corps musical en un manifeste de la modernité esthétique de l’époque.
On attend beaucoup de l'interprétation de la grande Chaconne de Bach revisitée harmoniquement par Ferruscio Busoni : une véritable cathédrale sonore que Vardan Mamikonian magnifiera avec un art contrapuntique supérieur. Le "plat de résistance" de ce concert exceptionnel est évidemment l'ultime sonate de Beethoven, la célèbre Sonate n° 32 op. 111 : le Maître de Bonn mène à son achèvement ultime une trajectoire esthétique vieille de plusieurs décennies : dans un geste sublime, il concilie une sophistication d'écriture géniale et une puissance expressive unique. Les autres générations ne feront qu'en tirer les leçons, quitte à s'en démarquer de manière salutaire. Mendelssohn cultive une lumière qui lui est propre, avec cette noble élégance – notamment mélodique – qu'on retrouve par exemple dans les Romances sans parole. Pour sa part longtemps paralysé par les fulgurances d'un aîné qu'il idolâtrait, Franz Schubert trouve progressivement sa voix, certes moins architecturale que celle de Beethoven, mais d'une qualité d'écriture qui lui permet de traduire magistralement les sentiments si changeants de son âme. L'immense Fantaisie "Wanderer" couronne cette manière unique dans l'histoire, fresque colossale au contrepoint admirable uni à un art des climats passionnant. Enfin, clin d'œil à son Arménie bien-aimée, Vardan Mamikonian nous offrira ces mélodies inoubliables de Komitas, père de la musique classique arménienne, dans des transcriptions pour piano somptueuses. Une soirée de grand piano.