Marie-Magdeleine Lessana vous invite au vernissage de l’exposition Aïda Kebadian, Étrangeté du monde le samedi 8 juillet 2023 à 16h à la Villa Magdala en présence de l'artiste.
Durant l’été 2023, la Villa Magdala accueille les œuvres d’Aïda Kebadian, artiste rare dont les peintures sont habitées par des personnages à la fois graves et tendres, saisis dans des attitudes songeuses, qui semblent hantés par l’exil. D’origine arménienne, « Aïda a la nostalgie rivée à l’âme », elle nous parle d’un ailleurs, un pays hors du temps, où le soleil est souvent rouge.
La Villa Magdala propose une première rétrospective du travail d’Aïda Kebadian en présentant différentes séries de peintures et de gouaches de plusieurs périodes : “Étrangeté du monde”. Autodidacte, elle commence au début des années 1960 à réaliser des gouaches dans la solitude de sa chambre chez ses parents à Colombes jusqu’au jour où son frère Jacques Kebadian les découvre et la pousse à les montrer. Elle fait sa première exposition en 1973 à l’Atelier Jacob-Galerie Hors-les-Normes, célèbre espace parisien soutenu par Jean Dubuffet. Encouragée, Aïda Kebadian enchaîne les expositions et s’envole en 1987 au Mexique dans le cadre de la Villa Médicis - Hors-les-Murs. Son univers onirique s’étoffe de l’esprit sud-américain, de ses rites ancestraux, avec une palette plus vive et contrastante, aspirant toujours à la rêverie.
D’un trait naïf, les figures aux grands yeux noirs nous fixent et semblent nous interroger.
Qui regarde qui ? Aïda Kebadian, elle-même, l’ignore. D’ailleurs, elle est peu bavarde sur son travail. Elle peint par à-coups et sans idées préconçues. Peindre est, pour elle, seulement une nécessité vitale.
Aussi, son geste est spontané, libre, affranchi de toute influence et courant, elle crée un monde imaginaire coloré et peuplé d’êtres vivants, parfois hybrides, souvent campés dans des déserts, des paysages de montagne ou de modestes intérieurs.
À l’étage, un hommage est rendu au travail de Chouchan Kebadian, sa mère qui a commencé à peindre à la gouache à 73 ans pour chasser l’ennui. Initiée par Aïda, peindre était devenu son seul plaisir ; « peindre joyeusement non pour oublier la vie passée et ses tourments, mais contribuer à la joie de vivre », écrit si justement Patrick Bouchain.
L’art brut de Chouchan offre un dialogue surprenant avec les œuvres profondément inspirées d’Aïda.