« N'y-a-t-il pas quelque témérité à postuler la permanence pendant plus de trois millénaires d'un peuple qui n'occupe plus aujourd'hui qu'un dixième de l'Arménie antique ? Qui permet d'affirmer la réalité d'un pays dont les frontières ont été si variables, la persistance d'une culture si souvent affrontée à des influences étrangères ? Et pourtant, à tous les moments de leur histoire, les Arméniens n'ont cessé de chercher des remèdes à l'oubli. Ils ont humanisé la nature sauvage de leurs montagnes, transformé les éléments bruts en un paysage intérieur. Merveilleusement adapté à la langue, l’alphabet arménien est devenu un symbole national. L’écrit a élargi l’horizon de la pensée, sans effacer la créativité de la parole. Le christianisme identitaire de la nation conserve les intuitions les plus anciennes de la foi. » Jean-Pierre Mahé